NOTES PREVISIONNELLES
HORIZON 2010 - 2030
Par Dr. Marc LAMBINET, Ph.D - 26 Mars 2009
Cette Note a pour objet de tenter de cerner une réalité sur les problèmes auxquels sera confronté notre Gouvernement Fédéral dans un horizon de 2010 à 2030. Ceux-ci ne sont certes pas exhaustifs mais se poseront avec de plus en plus d’accuité, surtout s’il y a actuellement 6,8 milliards d’humains sur la terre et que la population mondiale devrait atteindre les 7 milliards d’individus en 2012, puis dépasser les 9 milliards en 2050, selon les données publiées par l’ONU le 11 Mars 2009. Troisième Rapport Triennal des Nations Unies – New-York - USA). Ces problèmes peuvent être différenciés selon la manière suivante :1) Les principaux facteurs concourant aux ruptures d'équilibre :
a) Le climat : La température mondiale pourrait croître de 1 à 6 degrés d’ici 2100. De plus, les changements climatiques en cours annoncent de grands bouleversements, ceux-ci menaçant les ressources en eau. Les moyens financiers investis dans cette lutte contre ces changements climatiques ne servent qu’à tenter de réduire les gaz à effet de serre, et non à permettre de s’adapter aux nouvelles conditions climatiques ! Certains courants maritimes tels que le « Gulfstream » peuvent changer de parcours, cela s’est déjà produit par le passé, et ce sont donc des régions entières qui pourront connaître un climat de type « glaciaire ».b) La démographie : Chaque année, c’est 80 millions d’habitants qui s’ajoutent sur la planète.
La surpopulation sur la planète engendre différentes crises vécues au cours de ces dernières années et non terminées qu’elles soient alimentaire, énergétique, environnementale, économique et financière. Elles ne pourront être réglées que grâce à des efforts supplémentaires de la communauté internationale dans le dossier de l’eau ! Or, c’est cette surpopulation parmi de nombreux problèmes qui contribue à une crise mondiale de l’eau.
c) L’énergie : La croissance de la consommation mondiale en énergie serait de 60 % d’ici 2030 , or c’est seulement 20 % de part de l’énergie produite dans le monde qui provient de l’hydroélectricité.
Uniquement dans les pays industrialisés, le coût de la modernisation des infrastructures liées à l’eau représente 200 milliards $US/an. Ainsi, la demande en énergie augmente par rapport au taux de croissance démographique et les prélèvements d’eau nécessaire à la production énergétique augmentent par rapport à celle-ci. (1)
2) Les variables explicatives conséquentes de ces ruptures d'équilibre :
a) Les besoins en eau croissants : L’humanité est dépendante de l’eau et cette ressource est fragile. Chaque année, la croissance attendue des besoins en eau s’élèverait à 64 milliards de m3. (2,5 % : portion d’eau douce disponible actuellement sur l’ensemble de l’eau sur la planète). Plus d’un milliard d’êtres humains n’ont toujours pas accès à l’eau potable !Cette ressource est au centre de la majorité des problèmes vécus dans les pays les plus pauvres de la planète et ce ne sont qu’à peine 6 % de l’aide internationale qui est consacrée à l’eau au niveau mondial. Ces fonds consacrés aux problèmes liés à l’eau, sont insignifiants en comparaison des moyens financiers investis contre la crise économique et financière actuelle,en plus de ceux investis pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre !
La Banque Mondiale estime à 80 pays, représentant 40 % de la population planétaire, le nombre de pays souffrant de pénurie d’eau et d’hygiène insatisfaisante. Les besoins en eau de l’humanité augmentent deux fois plus vite que la population mondiale : « l’or bleu » pourrait devenir un problème politique et économique majeur, donc un enjeu pour les décennies à venir.
b) Les famines : Celles-ci sont dues à la sécheresse et aux changements climatiques mais également à l’exploitation effrénée de la ressource en eau et à la mauvaise gestion de celle-ci.
Exemples : il faut de 1000 à 20 000 litres d’eau pour produire 1 kilo de viande et de 400 à 2000 litres d’eau pour produire 1 kilo de blé. La nourriture consommée par les populations aisées nécessite de plus en plus de grandes quantités d’eau.
A la fin de l’année 2008, le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde est de 963 millions, soit presque 1 milliard d’affamés ! Lors du Sommet Mondial de l’Alimentation en 1996, les « Grands » prenaient l’engagement solennel pour l’ Objectif du millénaire » de réduire de moitié, d’ici 2015 (soit 19 ans plus tard), le nombre de personnes souffrant de la faim sur la planète ! (2)
La quasi-totalité de cette population souffrant de la faim (907 millions de personnes) vit dans les pays dits « en développement », principalement en Asie et en Afrique. (Sept pays rassemblent à eux seuls 65 % des sous-alimentés : l’Inde, la Chine, la République Démocratique du Congo – ex : Zaïre, le Bangladesh, l’Indonésie, le Pakistan et l’Ethiopie).
Il faudrait « des investissements dans les pays pauvres d’au moins 30 milliards de dollars US par an pour l’agriculture et la protection sociale ».
c) Le développement des maladies et épidémies : L’actualité récente (SARS) nous rappelle que des épidémies nouvelles (SARS, SIDA,…) pourraient à tout moment provoquer des millions de morts (comme la grippe espagnole qui a tué 21 millions de personnes dans le monde en 1918), voire menacer la survie de notre civilisation.
Ainsi, dans les pays occidentaux, l’impact des maladies infectieuses est à relativiser car elles seraient la cause de seulement 1 % des décès, contre 43 % dans les pays en développement, selon une étude de l’OMS réalisée en 1998. Ces maladies infectieuses tuent davantage que les guerres et les catastrophes naturelles. (3)
La malnutrition et les problèmes d’hygiène représentent 80 % des maladies liées à l’eau dans les pays en voie de développement. De plus, c’est 67 % de la population mondiale qui n’aura pas accès à des installations sanitaires adéquates en 2030.
Certaines épidémies atteignent de telles proportions qu’elles affaiblissent et menacent l’économie de pays entiers ! (Ex : sida, paludisme).
3) Les principaux pays consommateurs d'énergie, de ressources naturelles et d'eau sont :
L’Inde, la Chine, les Etats-Unis, le Pakistan, le Japon, le Canada.a) D’énergie : Islande, Scandinavie, Etats-Unis, Canada, Australie, Luxembourg, Belgique.
b) De ressources naturelles : Pays industrialisés, Inde, Chine, Pakistan.
c) Pays riches en eau : une dizaine de pays se partage 60 % des ressources naturelles renouvelables d’eau douce du monde : Brésil, Russie, Canada, Indonésie, Etats-Unis, Bangladesh, Chine, Inde, Vénézuéla, Colombie.
d) Pays pauvres en eau : Koweït, Bahrein, Emirats Arabes Unis, Malte, Libye, Singapour, Jordanie, Israël, Chypre.
Conclusion :
Ainsi, sous l’effet des changements climatiques, de la surpopulation et de l’augmentation du niveau de vie conjugués, les réserves d’eau subissent une exploitation sans précédent sur l’ensemble de la planète. Ceci met en péril l’équilibre dans le monde, menaçant non seulement le bien-être des populations mais également la Paix à long terme : on ne peut plus parler de croissance…Si l’on ajoute les conséquences de l’accaparation des ressources en eau de certaines puissances par rapport aux pays possédant celles-ci mais ne maîtrisant pas nécessairement les techniques d’exploitation faute de Fonds et/ou de Connaissance, on assistera à des conflits régionaux majeurs : c’est déjà le cas pour de nombreuses zones géographiques au-delà du Politique et du Religieux…
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(1) Pour générer 1 MWh d’électricité , il faut :
- à partir du charbon, 2 m3 d’eau.
- à partir du nucléaire, 2,5 m3 d’eau.
- à partir du pétrole, 4 m3 d’eau.
et pour le pétrole bitumineux ? De 20 à 45 m3 d’eau… ! Voir les besoins en Alberta ! )
(2) Ce chiffre de 963 millions de personnes sous-alimentées en 2008, représente une augmentation de 40 millions par rapport à 2007, année ayant elle-même enregistrée une progression de 75 millions par rapport à la période 2003-2005…
(3) Elles sont responsables d’environ 15 millions de morts chaque année, soit plus d’un quart des décès dans le monde. Cinq maladies sont à elles seules responsables de 80 % des morts : les infections respiratoires – pneumonie, grippe – (3,9 millions de décès par an), le sida (2,9 millions), les maladies diarrhéiques (1,9 million), la tuberculose (1,6 million) et le paludisme (1,1 million).
Source des Chiffres : Organisation Mondiale de la Santé. OMS - Genève - SUISSE - 1998.
Sources :
- Troisième Rapport Triennal des Nations Unies – ONU – New-York – USA – Mars 2009
- Annual Report of FAO – UNO/ONU – Roma – ITALY – December 2008
- Report of National Intelligence Council – NIC – Washington DC – USA – December 2008
Strategic Implications of Global Health
- Report of National Intelligence Council – NIC – Washington DC – USA – November 2008
Global Trends 2025 : A Transformed World
- Report of DAS by the Minister of Defence – Paris – FRANCE – 2003
Geostrategic Prospectives for the next 30 Years