Nouvelles
Synthèse de l'activité financière et
boursière au niveau mondial au
31.12.2002
Ce mois de Décembre 2002 est caractérisé par :
- un recul des marchés européens malgré "quelques envolées lyriques".....
- une activité vigoureuse de Wall Street se terminant par une "note morose", et une certaine nervosité !
- une baisse générale (trend) des marchés boursiers dans le monde.
ECONOMIE :
Au Japon, le Gouvernement met en place un échéancier pour la réforme bancaire destinée à régler l'un des problèmes les plus urgents du pays. Un nouveau dispositif prévoit l'injection de fonds publics dans le capital des banques, dont les comptes sont "plombés" par des créances douteuses estimées officiellement à 50.000 milliards de yens, soit 409 milliards de dollars U.S.
Les plus grandes banques au monde, dont les japonaises, sont malades ! La Mizuho Financial Group, avec ses 50 000 employés (et ses 1916 milliards de $ CAN !) est la plus importante au monde, avec ses consoeurs. Lorsqu'elles tombent "malades", c'est la deuxième économie planétaire qui souffre avec elles..... ! (1)
Tout le système bancaire japonais est "infecté" depuis 10 ans et on peut supposer que les bilans des banques sont ..... ! ("pourris" !). D'autre part, le problème des banques japonaises pourrait également être expliqué par le "dégonflement de la bulle imobilière dans les années 1990". Avec la chute de 50 % de l'immobilier (qui se poursuit), on peut imaginer la suite. Des milliers et des milliers d'entreprises japonaises à l'état de "fantômes", depuis, sont incapables de rembourser leurs emprunts et sont maintenues "sous perfusion" : les banques n'ont plus autant de crédit pour les entreprises innovatrices.
Des statistiques confirment la détérioration de la deuxième économie mondiale impliquant l'urgente nécessité d'assainir le secteur bancaire nippon. D'autre part, le taux de chômage du Japon est revenu en Octobre 2002 à 5,5 % , son niveau le plus élévé de l'après-guerre, la production industrielle a baissé et les ménages ont réduit leurs dépenses. Aussi, le Japon perd du "tonus" et son économie "sumo", la deuxième au monde, s'est "ankylosée" :
- le pays est "alourdi" par trois récessions en 10 ans
- sa Bourse est revenue à son niveau de 1983
- son système bancaire est miné par des centaines de milliards de dollars U.S. en mauvais prêts
- le "géant" cherche à reprendre son équilibre.
Pourtant, les Japonais sont "nantis" et assis sur un taux d'épargne exceptionnel (10 % du revenu disponible) et profitant des gains colossaux amassés durant ces 50 années de prospérité, les Japonais ont beaucoup d'argent, mais le système est "fissuré" car :
- la structure industrielle périclite
- le secteur financier "bat de l'aile"
- le Gouvernement s'endette
- la population vieillit
- des réformes économiques et financières sont nécessaires
- le pays est obligé d'emprunter !
Après avoir été "l'Empire du Soleil-Levant" , le Japon doit bouger s'il ne veut pas devenir "le pays du Soleil-Couchant".....!
En résumé, le Japon est-il dans une "bulle spéculative" qui se répète ? , par :
- le Krach boursier d'Octobre 1987
- la "bulle immobilière"
- le ralentissement économique
- la plus forte chute de la production industrielle en 2002
- le taux d'intérêt de 1 %
- la déflation.
Par ailleurs, le Japon espère une croissance sur l'exercice budgétaire 2003/2004, malgré un budget de relance financé par un endettement record, et elle pourrait s'avérer trop "optimiste" par :
- la baisse des recettes
- les nombreuses incertitudes mondiales
- la réduction des exportations
- un taux de chômage record dans l'archipel
- le poids des créances douteuses des banques japonaises
- des cours de Bourses à des niveaux les plus bas depuis 20 ans à Tokyo, ce qui "sape" la confiance des investisseurs !
- en raison de l'endettement public croissant.
Cet endettement public représente déjà près de 140 % du Produit Intérieur Brut (P.I.B.), le plus haut niveau des pays industrialisés.
Cette séquence vécue par le Japon au cours de la dernière décennie, n'est-elle pas en train de se reproduire en Amérique ?
Or, à la fin de l'année 1989, avec le Krach de Wall Street, l'indice NIKKEI a continué de s'enflammer :
- au 31.12.1989, il atteint un sommet de 38.915,90 points, puis est rattrapé par le ralentissement de l'économie
- aujourd'hui, en Décembre 2002, il s'est effondré jusqu'à 8.640 points environ, le plus bas niveau depuis 20 ans !
Ainsi, la Bourse de Tokyo termine en baisse, le 16.12.2002, pour la neuvième séance consécutive, sa plus longue série de clôtures négatives en onze ans ! , affectée par la brusque appréciation du yen qui pèse sur les exportateurs. De plus, le problème des créances douteuses des banques ressurgit également dans l'esprit des investisseurs.
Le prix des terrains, très rares au Japon, ont continué leur ascension au cours des deux autres années, jusqu'en 1991. Les banques semblent avoir été, en partie, responsables de la spéculation immobilière.
Les Etats-Unis suivront-ils le même chemin ? Question en suspens.....
En effet, l'économie américaine sort peu à peu de sa torpeur et les investisseurs ont reçu des nouvelles rassurantes sur une courbe ascendante aux Etats-Unis grâce à la publication de données indiquant que :
- le commerce de détail reprend
- le secteur manufacturier "bouge" selon certains indicateurs
- l'humeur des consommateurs est meilleur
- la consommation reprend.
La Réserve Fédérale Américaine (FED) a laissé ses taux directeurs inchangés le 10.12.2002, à 1,25 % : la Banque Centrale estime que les risques sont également répartis entre un retour en récession et une reprise de l'inflation. C'était la position adoptée le 06.11.2002. Elle ne devrait plus les changer avant la fin de l'été 2003...!
L'indice de confiance des consommateurs du "Conference Board" révèle que celui-ci a grimpé à 84,1 en Novembre 2002, une première augmentation en six mois, par rapport à 79,6 au mois d'Octobre 2002.
Quant à l'indice de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan, il est passé de 80,6 en Octobre 2002 à 84,2 en Novembre 2002.
Le taux de chômage aux Etats-Unis a progressé à 6 % de la population active en Novembre 2002, contre 5,7 % en Octobre, alors que l'économie américaine a supprimé 40 000 emplois nets en Novembre 2002. C'est la deuxième fois seulement en huit ans que ce taux atteint ce niveau. La croissance américaine, comme nous l'avons vu précédemment, montre que le Produit Intérieur Brut (P.I.B.) a augmenté de 4,0 % au troisième trimestre par rapport à la période correspondante de 2001.
C'est une année record pour les faillites aux Etats-Unis pour la deuxième année d'affilée en 2002, suite aux fraudes comptables et à la frénésie des dépenses de la dernière décennie ! Et ce n'est pas fini !
Pourtant, la déflation pourrait être de retour dans un proche avenir aux Etats-Unis et la Réserve Fédérale Américaine (FED) pourrait encore abaisser les taux d'intérêt, jusqu'à zéro s'il le faut, pour éviter une crise semblable à celle que connaît le Japon depuis 1995 ! En effet, en près de 50 ans, et pour la première fois, les prix du secteur privé diminuent aux Etats-Unis. La FED devrait prendre des mesures énergiques pour renverser la tendance. Or, la déflation inquiète les économistes et dans un tel environnement, les consommateurs et les entreprises freinent ou arrêtent complètement de dépenser car les prix baissent : ils croient payer moins cher plus tard, entraînant ainsi l'économie dans une récession.
La Banque Centrale Européenne (BCE) a réduit ses taux directeurs d'un demi-point de pourcentage ou 50 points de base, le 05.12.2002, à l'issue de la réunion de son Conseil des Gouverneurs : il est ramené de 3,25 % à 2,75 % (taux de soumission minimal appliqué aux opérations principales de refinancement).
L'Espagne a un taux de croissance économique remarquable, et devrait afficher un taux de croissance du PIB autour de 2 % en 2002 et de 2,5 % en 2003, selon le FMI.
La Suède organise un référendum sur l'adoption de l'Euro le 14.09.2003 et la Grande-Bretagne risque de se retrouver de plus en plus isolée en Europe.
Dans la Zone Euro, le chômage est en hausse à 8,4 % (2) en Octobre 2002, pour 8,3 % en Septembre 2002 et 8,0 % en Octobre 2001.
En Allemagne, celui-ci a dépassé les quatre millions de chômeurs ! Première économie européenne, la confiance n'a jamais été aussi basse en Allemagne, selon une enquête réalisée par "Eurochambres", et on ne peut exclure des tendances récessionnistes en 2003.
En Belgique, les entreprises se montrent les plus inquiètes !
Au Danemark et en Grande-Bretagne, les deux pays de l'Union Européenne n'ayant pas adopté l'Euro, avec la Suède, les entreprises envisagent l'année 2003 avec plus d'optimisme.
La Suisse, quant à elle, a connu sa plus forte poussée du chômage au mois de Novembre 2002, depuis près de six ans, le nombre de chômeurs franchissant la barre des 120.000 !
BOURSE :
La récente poussée des Bourses ne devrait pas "berner" les investisseurs, car les marchés seront encore marqués par "une extrême volatilité" dans les prochains mois ! et la tendance pour ce mois de Décembre 2002 est généralement "baissière". En effet, le risque de rechute mondiale dans la récession semble fort par :
- une confiance des consommateurs mal en point
- des marchés boursiers encore en état de choc
- les craintes que suscite le système bancaire japonais ou la dette en Amérique Latine
- les répercussions des prix pétroliers
- la crainte d'une intervention armée des Etats-Unis en Irak
et ceci se conjugue pour assombrir l'horizon économique sur les perspectives mondiales pour 2003 ! (3)
De même, le Fonds Monétaire International (FMI) estime qu'il existe des risques importants de rechute économique sur le plan mondial face à la fragilité des marchés financiers : "incertitude et inquiétude quant à la solidité et la durabilité de la reprise économique mondiale, aux prévisions de bénéfices des entreprises et aux conditions géopolitiques". (4)
EURO :
L'Euro est monté à son plus haut niveau depuis près de trois ans face au dollar U.S., le 13.12.2002. Pourtant, la Commision Européenne estime que la Zone Euro est anémique, avec une demande intérieure toujours aussi modérée et des répercussions de la hausse de l'Euro sur certains exportateurs. La situation de l'Euro pourrait être résumée par les facteurs suivants :
- la demande intérieure de la Zone Euro est restée faible toute l'année 2002
- la Zone est "pénalisée" par les baisses de cours en Bourse
- les perspectives sur le plan international sont incertaines
- les perspectives pour les entreprises et l'emploi sont fragiles.
Or, malgré que la demande intérieure soit l'un des principaux moteurs de la croissance, elle reste freinée par les inquiétudes liées au chômage et aux récentes poussées inflationnistes. L'Euro serait-il un "agent de ralentissement" ? .....
ASSURANCES :
La hausse des primes d'assurance est une crise mondiale, dans le secteur des assurances de dommages, en même temps le coût des sinistres s'est mis à augmenter et les assureurs voient fondre le rendement de leurs placements en Bourse ! Dans certains cas, au Canada, des primes ont augmenté subitement de 300 % , 500 % voire 601 % ! (Commission Scolaire)
PETROLE :
Concernant le pétrole, les cours se redressent dans un marché nerveux, mais continuent à évoluer "en dents de scie", après la publication de nouveaux chiffres sur les réserves américaines signalant une baisse des stocks de fioul domestique tandis que l'Irak est toujours au premier plan des préoccupations du marché.
L'Arabie Saoudite, premier exportateur de pétrole, propose à l'OPEP, une hausse des quotas officiels de production de l'organisation. L'OPEP a décidé de réduire sa production à un nouveau plafond de 23 millions de barils par jour. Celui-ci entre en vigueur le 01.01.2003.
Les cours du Brut "flambent" ! par les perspectives d'une guerre en Irak ainsi que la grève qui perturbe les exportations du Vénézuéla, quatrième fournisseur de pétrole des Etats-Unis, depuis plus de cinq semaines : le baril à la Bourse des marchandises de New-York a atteint 31,97 $ U.S. le 24.12.2002, après un "peak" à 32,00 $ U.S. à la même date, et sur le NYMEX il atteint 32,50 $ U.S. le 26.12.2002 après un "peak" à 32,55 $U.S. Le 30.12.2002, le baril de pétrole brut vaut à New-York, 31,40 $ U.S. pour livraison en Février 2003, après avoir atteint un "peak" à 33,00 $ U.S. : un record depuis deux ans ! Le baril de pétrole pourrait atteindre 40,00 $ U.S. , voire plus ! lorsque la guerre éclatera en Irak.....!
OR :
L'or est à son plus haut niveau depuis cinq ans et demi ! (5) Cette progression significative pourrait s'expliquer par :
- les craintes d'attentats par des extrémistes islamiques
- une réduction des ventes par anticipation de l'or qui n'a pas encore été extrait
- les tensions au Moyen-Orient et les perspectives d'une guerre en Irak.
C'est une progression de 23 % des cours de l'or qui a été enregistrée cette année 2002. Or, la perspective d'une guerre "aiguillonne" les prix de l'or et du pétrole brut. Si le prix de l'or sert traditionnellement de refuge aux investisseurs en temps de guerre, celui-ci a grimpé pour la septième session consécutive : l'or pour livraison en Février 2003 a atteint 346,60 $U.S. l'once le 20.12.2002 à la Bourse des marchandises de New-York, après avoir fait un saut de 13,00 $U.S. l'once à 355,70 $U.S. !
Nous annoncions dans nos "Nouvelles" du 28.02.2002 que : "Si le cours de l'or a pris une "brusque flambée" début du mois de Février 2002, franchissant pour la première fois en deux ans la barre des 300 $USD l'once, l'année 2002 sera autre chose "qu'un feu de paille"..... En 2001, le prix moyen de l'or a été de 271 $USD, et l'année 2002 verra son cours dans une "fourchette" de 285 $USD à 350 $USD, voire plus..."
C'est fait ! L'or atteint les 348,30 $USD au 31.12.2002.....!
L'or se négociait à plus de 400,00 $U.S. l'once avant la guerre du Golfe contre l'Irak en 1991.....!
Facteur non négligeable : Et si l'Islam adoptait l'or comme devise de négoce et lui redonnait son éclat d'antan..... : ce projet embryonnaire pourrait aboutir au milieu de l'année 2003, et comment réagiront les Banques Centrales des différents pays ? (6)
En conclusion, si "la reprise dépend des tensions mondiales" selon Alan GREENSPAN, Président de la Réserve Fédérale Bank (FED), il précise que les risques d'ordre géopolitique se sont fortement accrus et ont affaibli la demande. Néanmoins, il a jugé, faible le risque de voir les Etats-Unis basculer dans une spirale déflationniste.....! Or, l'économie américaine est confrontée à deux facteurs en "mouvement" :
- les séquelles d'une bulle spéculative
- la crainte d'une déflation (semblable à cette baisse des prix lente mais chronique sévissant au Japon)
Ces deux phénomènes non symétriques sont très rares : comment sont-ils liés ? Afin de ne pas être "engouffré" dans une crise majeure, quelles mesures -surtout anticipatives- faudrait-il prendre ?
Les Gouvernements, les milieux d'affaires, le public en général, sont davantage habitués depuis 50 ans à la menace de l'inflation qu'à celle de la déflation ! D'autre part, l'année 2002 est l'année la plus noire depuis des décennies pour les marchés boursiers des économies développées ayant connu une troisième année consécutive de baisse : ceci ne s'est plus produit depuis la Deuxième Guerre Mondiale ou la crise des années 1930, selon les pays !
L'année 2003 sera la plus mauvaise pour l'économie mondiale depuis 1945, parce qu'aucun pays ou région ne connaîtra un "rebond" suffisament fort pour entraîner le reste du monde..... Les échanges mondiaux ne progresseront plus, au contraire ! Aucun des grands déséquilibres tels que le surendettement des ménages, le déficit des paiements courants ne seront réglés, et ils seront sans doute aggravés ! Pourtant, la Banque Mondiale prévoit que l'économie mondiale se redressera au cours de l'année 2003 et que sa croissance pourrait atteindre jusqu'à 2,5 % selon ses estimations ! Tient-elle compte des conflits en gestation "tous azimuths".....?
Malgré ces "Nouvelles" peu encouragerantes mais réalistes ! nous présentons tous nos meilleurs Voeux pour l'Année Nouvelle 2003 à nos Lecteurs, et les remercions pour leur Confiance !
Le 31.12.2002
Marc LAMBINET, Ph.D
- En 2001, la Mizuho Financial Group. , a engrangé une perte de 12 milliards de $CAN, Mitsubishi Tokyo, UFJ Holdings, Sumitomo Mitsui Banking, n'ont pas fait mieux !
- Chiffres publiés par EUROSTAT, l'Office Statistique des Communautés Européennes à Luxembourg.
- Rapport BM, 11.12.2002
- Rapport FMI, 12.12.2002
- L'or spot a atteint 341,25 $ U.S. en Asie, le 17.12.2002 , soit son plus haut niveau depuis les 342,50 du 18 Juin 1997 !
- L'Etat de la Malaisie propose l'introduction du dinar, une devise aurifère, qui aurait pour équivalence une "once d'or". Le dinar serait utilisé entre Etats Islamiques comme devise commune, sans que les Etats renoncent pour autant à leur monnaie locale. Les Etats très intérressés par le projet : l'Iran, Bahreïn, Emirats Arabes Unis, Maroc, Libye, Oman, Turquie.....